Au Royaume-Uni, Nigel Farage un an après son élection à Clacton-on-Sea: «bouscule l'ordre établi»
C’est l’un des personnages les plus singuliers de la politique britannique : Nigel Farage, 61 ans, ancien banquier et ex-député européen. Tout à droite de l’échiquier politique, il a largement œuvré en faveur du Brexit, puis a pris une pause, pour animer des émissions de radio et participer à des télé-réalités. Mais depuis 2024, il a réussi à se faire élire député, pour le parti nationaliste Reform, sur un programme en large partie tourné sur l’immigration. Un an après les législatives qui l’ont vu entrer au Parlement, reportage à Clacton-on-Sea, là où Nigel Farage s’est fait parachuter. De notre envoyée spéciale de retour de Clacton-on-Sea, Les 25 canards, des alpagas, neuf cochons gambadent dans les champs de la « ferme de Sandy », au nord de Clacton, un espace de zoothérapie pour enfants. L’année dernière, la ferme a failli fermer « C’était très dur. Avant que Nigel Farage ne nous rende visite, nous avions plus de 35 000 euros de dettes. Il a lancé une cagnotte et en un jour, il a récolté près de 22 000 euros pour nous. » Gary et Sandy, les fondateurs : « C’est difficile de savoir vers qui se tourner, et vous ne parvenez jamais jusqu’aux décideurs… à part Farage. » Le couple, qui travaille sept jours sur sept, n’avait jamais voté jusqu’alors : « Je n’avais pas une bonne opinion de lui, jusqu’à ce que je le rencontre. Il m’a fait changer d’avis en nous rendant visite. Il a certaines idées qui ne me plaisent pas, mais tout ça, ce n’est que de la politique. En 40 ans, je n’ai jamais voté, mais il a eu ma voix. » Un « personnage Marmite » Nigel Farage, c’est un « personnage Marmite », du nom de cette pâte de légumes fermentés : on adore ou on déteste. Début 2024, Farage a lancé sa campagne devant le symbole de Clacton, une ville balnéaire délaissée des touristes : le casino sur la jetée. Nigel Brown, directeur de la communication : « Farage, comme Donald Trump, est très bon pour dire aux gens ce qu’ils veulent entendre. À nous, il nous a dit : " je suis une célébrité, n’hésitez pas à m’exploiter ", et il a fait de la publicité à la jetée. Tout ce qu’il nous a promis, il l’a fait : maintenant, l’avenir nous dira si cela porte ses fruits. » Les opposants de Nigel Farage, eux, critiquent ses emplois secondaires, ses voyages à l’étranger et ses positions : eurosceptiques, anti-immigration, anti-islam. Le communicant souligne le paradoxe Farage : « Je n’aime pas ses méthodes, et je pense qu’il désinhibe certains discours problématiques. Mais il bouscule l’ordre établi. » Après un an au pouvoir, les Travaillistes n’ont pas encore réussi à relancer l’économie ni les services publics, alors Reform UK, le parti de Farage mise sur le dégagisme. À Clacton, Dan Casey, élu local de gauche, tente de dissuader les électeurs : « On l’a bien vu quand il était élu au Parlement européen : c’était un véritable clown. Il ne porte aucun intérêt aux gens d’ici. » Mais Nigel Farage semble s’être fixé un objectif : Downing Street, comme un autre « personnage marmite » avant lui, un certain Boris Johnson. À lire aussiRoyaume-Uni: Nigel Farage, figure emblématique du Brexit, entre au Parlement