Pourquoi la couleur des arbres permet-elle de prévoir une éruption volcanique ?
Peut-on prévoir une éruption volcanique… en observant la couleur des arbres ? Cela peut sembler étonnant, mais c’est une piste que les scientifiques explorent de plus en plus sérieusement. Une équipe internationale a récemment démontré qu’avant certaines éruptions, les forêts autour des volcans deviennent visiblement plus vertes — un changement subtil, mais détectable depuis l’espace.Le mécanisme derrière ce phénomène est lié aux gaz volcaniques. Bien avant qu’un volcan n’entre en éruption, son activité interne augmente. Des fissures apparaissent, laissant s’échapper des gaz invisibles, notamment du dioxyde de carbone (CO₂). Ce gaz lourd s’infiltre dans le sol, où il se dissout partiellement dans l’eau souterraine, modifiant ainsi la chimie locale.Pour les arbres, cet excès de CO₂ dans le sol agit comme un fertilisant naturel. En effet, le dioxyde de carbone est l’un des éléments clés de la photosynthèse. Lorsqu’il devient plus abondant, les arbres accélèrent leur production de biomasse : leurs feuilles deviennent plus denses, leur taux de chlorophylle augmente, et la canopée prend une teinte plus intense de vert.Ce changement n’est pas toujours visible à l’œil nu, mais les satellites équipés de capteurs multispectraux ou hyperspectraux peuvent le détecter. Ces instruments mesurent précisément la réflexion de la lumière par la végétation, notamment dans les longueurs d’onde associées à la chlorophylle.Des études récentes, notamment sur le volcan Taal aux Philippines et le Mount Etna en Italie, ont montré que ces "signatures vertes" peuvent apparaître plusieurs semaines à plusieurs mois avant une éruption. Ce signal, couplé à d’autres indicateurs — comme les séismes, la déformation du sol ou l’émission de gaz — permet d’affiner les modèles de prévision.Ce qui rend cette approche si précieuse, c’est qu’elle offre une vue d’ensemble : grâce aux satellites, on peut surveiller en continu des zones entières, même inaccessibles ou dangereuses. Cela permet de repérer des anomalies précoces et de déclencher des alertes.Bien sûr, le verdissement des forêts n’est qu’un indice parmi d’autres. Un changement de couleur ne signifie pas à lui seul qu’une éruption est imminente. Mais intégré à un système global de surveillance, il devient un signal d’alerte précieux, surtout dans les régions densément peuplées autour des volcans.En résumé : en devenant plus verts sous l’effet du CO₂ volcanique, les arbres jouent, à leur manière, le rôle de sentinelles naturelles. Grâce aux satellites, les scientifiques peuvent aujourd’hui écouter ces signaux silencieux… et peut-être sauver des vies. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.